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LE PERINEE

Quand elle aborde le sujet pendant ses formations, Chantal RIBON utilise une image très parlante pour décrire le plancher pelvien : « Je le représente comme un hamac. Cette zone musculaire soutient toute la masse des viscères, (masse liquide) ce qui représente un poids certain. Elle doit donc être solide et tonique, car il n’y a pas d’os pour assurer le maintien, et en même temps être suffisamment souple puisque c’est une zone de passage pour évacuer des matières. Pour cela, les muscles ne doivent pas être trop contractés. » Comment fonctionne ce « hamac » ? Le caisson abdominal est comme un ballon déformable et incompressible contenant des viscères (masse liquide), avec le périnée dessous. Rappelons d’ailleurs que ce n’est pas une exception féminine, les hommes aussi ont un périnée ! Ce caisson est soumis à des pressions permanentes : À chaque inspiration, le diaphragme descend et repousse vers le bas l’ensemble des viscères. Certains gestes ou réflexes, tels que souffler dans un ballon, tousser, éternuer, rire… provoquent le même effet. Sur le tapis de gym, un enroulement du dos entraîne l’abaissement des côtés et une pression supplémentaire intraabdominale. À chaque fois, les viscères vont là où il y a de la place, c’est-à-dire vers le périnée, avec le risque de dégrader ce tissu musculaire s’il n’est pas assez tonique pour supporter la poussée.

Non aux crunchs et aux jumps intensifs ! Si les abdos crunchs étaient autrefois très en vogue, ils sont aujourd’hui un peu délaissés. Mais de nouvelles modes ou équipements arrivent dans les salles. « Nous avons été alertés au niveau de la Commission médicale car ces tendances ont un impact sur le périnée, qui peut être néfaste si on ne prend pas des précautions. Nous préférons donc attirer la vigilance des animateurs là dessus », poursuit Chantal RIBON.

Quelles sont les pratiques « à risque » pour le plancher pelvien ?

 

  • Les abdominaux type crunchs, qui partent du sol et envoient beaucoup de pression en bas du bassin ; ils multiplient par trois la poussée sur la zone périnéale…
  • Le step et tous les sauts, tels que les jumps. La nouvelle mode du jumping fitness avec son trampoline individuel entre dans cette catégorie. Les chaussures dotées de ressort dessous pour faire du fitness en sautant. Comme toute activité, ces efforts ne sont nocifs pour le périnée que s’ils sont intensifs et mal encadrés.

Le rôle de l’animateur sportif est, bien sûr, de veiller à préserver la santé de ses pratiquants.

Voici les bons gestes et attitudes à adopter :

  • Éviter les séries d’abdominaux trop rapides, faire les mouvements en conscience en les plaçant bien sur l’expiration qui enlève de la pression vers le bas de la zone.
  • Privilégier les gainages. Travailler en isométrie est très efficace pour renforcer les muscles profonds et gagner en tonicité en répartissant mieux la pression dans tout l’abdomen.
  • Limiter les sauts et les préparer en amont grâce à une contraction du périnée. Sans oublier de le relâcher pour préserver sa souplesse. Apprendre aux pratiquants à coordonner préventivement la contraction du périnée avec les actions qui amènent de la pression, comme le fait de monter sur un step. 

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Les 3 niveaux de prévention du périnée

Pour Marie-Christine BINOT, médecin fédéral, l’approche préventive concernant le plancher périnéal peut s’organiser selon les 3 niveaux de prévention définis par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ils correspondent à des stades successifs de la pathologie : avant, pendant et après.

 

  • La prévention primaire. « Le meilleur moyen reste de diffuser l’information parce que le périnée est un sujet encore méconnu, reconnait le Docteur Binot. Il faut donc en parler à nos publics de sportifs, expliquer ce qu’est le périnée, qu’il doit être entraîné comme un autre muscle et que cela concerne tout le monde -hommes et femmes- à tous les âges. »
  • La prévention secondaire. Comment l’animateur peut-il détecter des problèmes éventuels et orienter le pratiquant vers un médecin afin que celui-ci pose un diagnostic ? En étant attentif à certains signaux d’alerte, comme des retenues lors de sauts ou encore des mictions impérieuses obligeant la personne à quitter le cours pour aller aux toilettes précipitamment.
  • La prévention tertiaire. Des médecins spécialistes, urologues pour les messieurs et gynécologues pour les dames, vont prescrire des séances de rééducation. Les effets de celles-ci sont en général assez rapides et visibles, si le problème est pris à temps, à condition toutefois de poursuivre les exercices c

Extraits du Mag Sports pour Tous